Il y a cent ans, à la suite de la Grande guerre, les populations civiles se trouvent confrontées aux conséquences dramatiques du conflit qui a duré quatre années. Même dans les zones éloignées des terrains d’opérations militaires, les orphelins sont légion. À la différence du statut de pupille de l’État, la qualité de pupille de la Nation ne place nullement le mineur qui a perdu son père sous la responsabilité exclusive de l’État. Les familles et les tuteurs conservent le plein exercice de leurs droits et notamment, le libre choix des moyens d’éducation. Par la loi du 27 juillet 1917[1] sont créés l’Office national et des offices départementaux des pupilles de la nation, organismes publics rattachés au ministère de l’Instruction publique. Des personnes privées tiennent aussi à apporter leurs concours matériel et moral et sont distinguées par cette plaque de reconnaissance en ces temps où le quotidien est gravement obéré par la pandémie de grippe espagnole entre 1918-1919. Elles ont pu organiser des quêtes sur la voie publique, des tombolas, des souscriptions financières en faveur des pupilles et siègent dans les conseils d’administration et les comités de patronage. A l’avers, le graveur Émile-Séraphin Vernier (1852-1927) qui signe « par discrétion » pour cette réalisation patriotique : « Séraphin » représente sous la dépouille d’un soldat en uniforme dans un cartouche, entourée de lauriers, symbole du souvenir, la France agenouillée à gauche a un geste protecteur envers deux jeunes enfants, sur fond de soleil se levant sur la campagne française, au revers, le nom de l’organisme et celui de l’attributaire, avec parfois son titre.
Olivier Vernier
[1] Voir Olivier Faron, Les enfants du deuil : orphelins et pupilles de la nation de la première guerre mondiale (1914-1941), Paris, La Découverte, 2001, 335 p.