Diplôme du Comité départemental des œuvres de Guerre

            On connaît bien la « ferveur patriotique » pendant la Grande guerre qui s’empara pendant quatre années de l’ensemble du pays, avec de nombreuses Journées patriotiques en faveur des soldats au front, des blessés de guerre, des prisonniers internés outre Rhin, des populations civiles éprouvées, des réfugiés étrangers (belges, luxembourgeois..) et des populations déplacées. Les pouvoirs publics et les associations patriotiques (Le Secours nationalLe Souvenir français..) et les mouvements caritatifs organisent des quêtes sur la voie publique, avec ventes d’insignes en carton voir métalliques, pour orner les boutonnières (du bleuet au coq gaulois, de l’Alsacienne à la Croix de Lorraine)[1], il n’en est pas de même lors de la « drôle de guerre » en 1939-1940.

            Pour éviter tout risque de malversations, des instructions du ministre de l‘Intérieur Albert Sarraut le 4 mai 1932 précisent les cadres d’action dans l’entre deux-guerres des sollicitations à la générosité publique[2]. Des instructions et des documents utiles pour renseigner les organisateurs des journées sont établis en 1938. Ainsi dans l’ensemble des villes de notre région des journées nationales de la Croix-Rouge pour les nombreuses détresses mais aussi, en faveur des artistes et de leurs familles (les chômeurs intellectuels) sont organisées (Journée des artistes (1933) ; Le Noël des enfants des chômeurs (1934-1935) ; la « préservation » (à la fois matérielle et morale) des jeunes filles est promue par Les Amies du Foyer, pour la protection de la jeune fille (1934-1935, 1939), par l‘Oeuvre des gares et ports à Marseille, Nice ou Toulon 1933 ; La Journée de la Vieillesse (1937) sollicite les Vauclusiens, les Hauts-Alpins ou les Bas-Alpins. On sait que Marseille est « la plus grande ville corse » en raison de l’émigration insulaire, aussi La Maison corse de Marseille initie une journée en faveur des victimes de la tourmente qui a ravagé une partie de l’île (1934). Même si les populations espagnoles et des enfants réfugiés en France sont moins nombreuses sous nos cieux que dans le Sud-Ouest, l’Union des jeunes filles de France organisent des actions publiques d’entraide (1937-1938). 

            Plus rares donc qu’en 1914-1918, des ventes d’insignes patriotiques et des quêtes sont, dans l’éventualité des combats proches, organisées par la troisième République « finissante », par le préfet Paul Bouët (1878-1970) pendant l’été 1939 ; des diplômes (promouvant l’union franco-britannique) sont remis aux quêteurs, ainsi ce jeune élève du lycée de Marseille « qui a fait preuve de dévouement patriotique en recueillant des fonds destinés aux Œuvres de Guerre du Département des Bouches-du-Rhône ». L’implacable régime de Vichy saura instrumenter au travers du Secours National la solidarité nationale[3]

Olivier Vernier


[1] Voir Michel Bonneau, Les Vignettes patriotiques françaises, Ablon, L’Arc en ciel, 1983, 250 f.

[2] Archives départementales des Bouches du Rhône, 4 M 597.

[3] Jean-Pierre Le Crom, Au secours, Maréchal ! L’instrumentalisation de l’humanitaire, 1940-1944, Paris, PUF, 2013, 343 p.


Diplôme du Comité départemental des œuvres de Guerre, Mouillot, Marseille, 1939 Collection privée