Hommage à Robert MENCHERINI (1945-2025)

Notre Comité a eu la tristesse d’apprendre le décès le 20 avril 2025 d’un «historien de convictions, passeur de mémoire, homme de rigueur, de transmission et d’engagement», Robert MENCHERINI (1945-2025), professeur honoraire des universités en histoire contemporaine, agrégé d’histoire, docteur en histoire, directeur de recherche à l’Institut universitaire de formation des maîtres, directeur de recherche à l’Institut universitaire de formation des maîtres, directeur de recherche à l’Institut universitaire de formation des maîtres, Président des Amis du Musée de la Résistance en Ligne en Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (MUREL), Président-Fondateur de Provence Mémoire Monde Ouvrier (PROMEMO), membre des conseils d’administration et scientifique du Mémorial des Milles.

Originaire d’Aubagne, spécialiste d’histoire politique et sociale contemporaines, il soutint sa thèse à Aix en 1984 sous la direction d’Emile Temime: L’ union départementale C.G.T. des Bouches-du Rhône de la libération à la scission (1948) , il publia, entre autres: «La Libération et les entreprises sous gestion ouvrière: Marseille, 1944-1948», 1994; sa synthèse d’histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône de 1930 à 1950: «Midi rouge, ombres et lumières» Paris, 2004, 2009, 2011, 2014, reste une référence; il dirigea «Cheminots en Provence: des voix de la mémoire aux voies de l’avenir (1830-2001)», 2011, et analysa «Les grèves “insurrectionnelles” de 1947», 2023.

Il reçut le Prix Thiers de l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres d’Aix-en-Provence, et aussi, aussi le Grand prix historique de Provence, Maréchal de Villars de l’Académie des Sciences, Lettres et Arts de Marseille. Pour son dernier ouvrage «Berty ALBRECHT – de Marseille au Mont Valérien, une féministe dans la Résistance» une mention lui a été attribuée à l’occasion du Prix Littéraire de la Résistance par le Souvenir Français au Sénat en décembre 2023.

R. Mencherini fut un des correspondants régionaux du Maîtron (Dictionnaire biographique Mouvement ouvrier et  social) et à ce titre, rédigea la notice de notre président-fondateur Charles Bonifay. Entre 1981 et 1998, il est aussi le correspondant pour les Bouches-du-Rhône de l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP-CNRS).

Sensible également à l’histoire de la protection sociale dans notre région, il nous encouragea de ses conseils pertinents, avec toujours sa bienveillance, son humanisme et son sourire coutumier; il répondait toujours à nos diverses sollicitations, notre dernier numéro spécial sur «Les Italiens et leur protection sociale en France, XIXe-XXe s.)» fut vraisemblablement, une des ses dernières lectures, il lui rappelait  ses origines familiales.


Olivier Vernier

La détresse ne se rencontre pas qu’en ville

 Au sortir de la guerre, les détresses sont légion dans les villes bombardées (dans notre région: Nice, Cannes, Toulon, Marseille…); mais les campagnes sont aussi concernées : vieillissement des populations, hémorragies démographiques suite aux combats, déportations et exactions de l’ennemi. Le tissu social du monde rural est profondément déchiré, dans la mesure où l’agrarisme de Vichy reposant sur la Charte paysanne du 2 décembre 1940 a créée des bouleversements notoires en voulant dominer le monde du travail agricole. Aussi un mouvement associatif, d’essence chrétienne, se créée en 1945: les associations familiales rurales AFR avec comme objectif «de venir aide aux familles et de créer des emplois pour les jeunes filles du monde rural avec l’idée de créer une profession nouvelle et de ralentir l’exode rurale.»[1] Il faut donc apporter une aide à ces familles en intervenant à leur domicile, dans leur cadre de vie. Un service est inventé : l’aide familiale rurale.

L’objectif est double: à la fois social, en aidant les familles dans les tâches de la vie quotidienne, et économique en créant des emplois de proximité. » L’ensemble de la France rurale adopte ce modèle.

En 1976, Le mouvement devient l’ADMR (Aide à domicile en milieu rural) pour concrétiser le choix de diversifier ses services (aides aux familles, aide aux personnes âgées) et en 1988, les actions sociales se développent: à la suite à la création des Services de Soins Infirmiers et d’auxiliaires de vie pour les personnes âgées et les personnes handicapées, l’ADMR développe de nouveaux services rendues nécessaires par les précarités rurales: livraison de repas, téléassistance, accueil de la petite enfance (crèches, haltes garderies, centres de loisirs, sans hébergement), petites  unités de vie pour personnes âgées ou handicapées….

Actuellement, les associations départementales réunissent 94 000 salariés et 78 000 bénévoles.

Cette médaille commémorative est remise aux bénévoles (comme ici dans le Var) et aux salariés.

Olivier Vernier

Avers de la médaille du 30e anniversaire de la fondation de l’Aide à domicile en milieu rural, bronze, 1975, collection privée.

[1] Voir : François Romatif, «Union nationale des associations d’aides familiales rurales», in Les mouvements familiaux et leur institution en France – Anthologie et sociale, 2006, pp. 258-285 et Annie Morel, «L’ADMR, un acteur incontournable du monde rural», Pour, 2009, pp.120-124.