La protection infantile à Marseille: médaille de la Société protectrice de l’enfance

 A la fin du XIXe siècle, la prospérité économique de Marseille –ce que l’on a appelé «Rêves et triomphes d’une ville»,  avec ses multiples  et diverses activités économiques ne bénéficie pas à toutes et à tous, la précarité demeure dans le cœur historique des vieux quartiers nord autour du port avant qu’au siècle suivant les cruels dynamitages, évacuations (20 000 habitants) et déportations de population[1] ne soient décidés les 22, 23 et 24 janvier 1943.

Aussi la mortalité infantile est si élevée[2]  (plus forte que d’un sixième que dans toute autre ville de France) que des médecins s’en émeuvent tels Sélim-Ernest Maurin, né à Paris en 1838 et diplômé de Montpellier en 1861, spécialiste de la lutte contre le choléra ; il anime le Comité médical des Bouches-du-Rhône et appelle de toute sa science la création d’une Société protectrice de l’Enfance.

La réponse positive vient des notables marseillais femmes comme hommes (dont des professionnels de santé : médecins et pharmaciens) : ils décident de fonder une association pour aider matériellement et moralement les familles, françaises comme étrangères, avec enfants. Des aides alimentaires sont prodigués, des conseils d’hygiène pour les nourrices  (car les mères doivent travailler) mais aussi, sont instaurés pour les adultes et les enfants des cours dont des méthodes de lecture, comme pour cette médaille attribuée  pour méthodes de lecture». L’avers arbore les armes de Marseille et le ruban  bleu et blanc est en référence aux armoiries de la ville.

Médaille de la Société protectrice de l’enfance, bronze argenté, c. 1880, collection privée

Les pouvoirs publics l’encouragent au point que dès 1876, elle est aidée et contrôlée[3]. En 1883, elle organise dans la capitale phocéenne une exposition et publie même un journal « Le Bébé ».

Elle subsiste jusqu’à la Grande guerre.

Olivier Vernier


[1] Cf. Michel Ficetola, La Rafle du Vieux-Port, Marseille, Massaliotte Culture, 2019, 23 p.

[2] Sélim-Ernest Maurin, Marseille au point de vue de l’hygiène et de la statistique médicale, Marseille, Roux, 1864, 192 p. ; Dr. Sélim-Ernest Maurin, «De la mortalité des enfants en bas âge à Marseille», Sté de statistique Marseille, p.252- 288.

[3] Dr. E. Maurin, Projet de règlement d’administration publique relative à la protection du premier age proposé à la société protectrice de l’enfance de Marseille, Marseille, Cayer, 1876, AD Bouches-du-Rhône, Delta, 2670 6.