ADIEU A NOTRE AMI MARCEL CHAPAPRIA (1941- 2024)

Nous avons le devoir bien triste, d’évoquer le souvenir d’un « pilier » de notre Comité, disparu des suites d’une brutale hémorragie cérébrale, le 29 avril dernier : notre fidèle et dévoué administrateur et membre du bureau Marcel Chapapria. Il nous apporta pendant de nombreuses années sous les présidences de Charles Bonifay, de Marie-Thérèse Dumas-Gosselin et de Mourad Belaïd ses compétences reconnues sur les institutions et la vie sociale de Marseille, sa gentillesse permanente, sa chaleur humaine, son humour affiné et sa sagesse proverbiale.

Marcel incarnait le parfait «honnête homme» au sens du Grand siècle et cultivait les vertus de la Respublica, ses multiples engagements administratifs, associatifs, patriotiques, altruistes l’attestaient.

Pour lui, le devoir de mémoire sous ses diverses formes, le préoccupait en permanence et c’est dans cet esprit qu’il voulut bien travailler à nos côtés à notre mission historique pour mieux faire connaître le passé et les institutions sociales de notre vaste région.

Marcel né le 13 avril 1941 à Sidi Bel Abbés, arriva à Marseille en 1962 et y fondera l’année suivante une famille. Fils de légionnaire, il sera toujours attaché à ce corps d’élite en étant notamment correspondant auprès des «képis blancs» hospitalisés à la Timone et la Conception. Il s’investit d’ailleurs particulièrement dans l’Association des anciens Combattants et amis de la Légion étrangère de Marseille qui lui rendirent à la chapelle du funérarium du cimetière Saint-Pierre l’hommage qui lui revenait de droit lors de ses obsèques le 4 mai dernier.

Entré à la CPAM comme caissier et agent payeur, il en gravit tous les échelons administratifs et au terme de 39 années d’activités professionnelles, sociales et de services militaires, il reçoit en 2002 au titre du Ministère de l’emploi et de la solidarité l‘insigne de chevalier de l’Ordre  National du Mérite et en sera promu au titre du Ministère des armées officier en 2023. Il s’était investi en effet dans le mouvement associatif régional et national des  anciens combattants et victimes de guerre des organismes sociaux dont il fut président.

Très attaché aussi aux institutions mutualistes, il fut notamment administrateur du Centre Dentaire de Marseille; cet ami à l’écoute de toutes les détresses siégea aussi comme assesseur titulaire des tribunaux pour enfants à Marseille. 

Marcel était aussi un passeur de mémoire, avec son réel talent de plume, il tint, à compter de 2013 la chronique dominicale des Bouches-du-Rhône des anciens combattants pour La Provence et pour Mémoire vives de la Résistance. Des textes ciselés « pour ne pas oublier ». Pour notre Bulletin, il offrit  trois textes rappelant ses engagements: «Témoignage: L’emploi de caissier: un métier qui a disparu», 2018; «Le Bleuet de France, symbole de la mémoire et de la solidarité pour les anciens combattants, les victimes de guerre, les veuves et les orphelins », 2021; «Les 100 ans d’existence du Centre Dentaire de Marseille (1922-2022), 2022.

Sa mémoire demeurera dans nos cœurs et nos esprits.

Pour le bureau du Comité

Olivier Vernier

La protection infantile à Marseille: médaille de la Société protectrice de l’enfance

 A la fin du XIXe siècle, la prospérité économique de Marseille –ce que l’on a appelé «Rêves et triomphes d’une ville»,  avec ses multiples  et diverses activités économiques ne bénéficie pas à toutes et à tous, la précarité demeure dans le cœur historique des vieux quartiers nord autour du port avant qu’au siècle suivant les cruels dynamitages, évacuations (20 000 habitants) et déportations de population[1] ne soient décidés les 22, 23 et 24 janvier 1943.

Aussi la mortalité infantile est si élevée[2]  (plus forte que d’un sixième que dans toute autre ville de France) que des médecins s’en émeuvent tels Sélim-Ernest Maurin, né à Paris en 1838 et diplômé de Montpellier en 1861, spécialiste de la lutte contre le choléra ; il anime le Comité médical des Bouches-du-Rhône et appelle de toute sa science la création d’une Société protectrice de l’Enfance.

La réponse positive vient des notables marseillais femmes comme hommes (dont des professionnels de santé : médecins et pharmaciens) : ils décident de fonder une association pour aider matériellement et moralement les familles, françaises comme étrangères, avec enfants. Des aides alimentaires sont prodigués, des conseils d’hygiène pour les nourrices  (car les mères doivent travailler) mais aussi, sont instaurés pour les adultes et les enfants des cours dont des méthodes de lecture, comme pour cette médaille attribuée  pour méthodes de lecture». L’avers arbore les armes de Marseille et le ruban  bleu et blanc est en référence aux armoiries de la ville.

Médaille de la Société protectrice de l’enfance, bronze argenté, c. 1880, collection privée

Les pouvoirs publics l’encouragent au point que dès 1876, elle est aidée et contrôlée[3]. En 1883, elle organise dans la capitale phocéenne une exposition et publie même un journal « Le Bébé ».

Elle subsiste jusqu’à la Grande guerre.

Olivier Vernier


[1] Cf. Michel Ficetola, La Rafle du Vieux-Port, Marseille, Massaliotte Culture, 2019, 23 p.

[2] Sélim-Ernest Maurin, Marseille au point de vue de l’hygiène et de la statistique médicale, Marseille, Roux, 1864, 192 p. ; Dr. Sélim-Ernest Maurin, «De la mortalité des enfants en bas âge à Marseille», Sté de statistique Marseille, p.252- 288.

[3] Dr. E. Maurin, Projet de règlement d’administration publique relative à la protection du premier age proposé à la société protectrice de l’enfance de Marseille, Marseille, Cayer, 1876, AD Bouches-du-Rhône, Delta, 2670 6.