Plumes sociales : Marceau Jouve (Lou Jouven), (1885-1950), Parpello d’Agasso. Poèmes provençaux suivis de deux contes, Montpellier, 1955. 

Les félibres sont des auteurs poètes et prosateurs, qui dans la tradition de Frédéric Mistral et de Joseph Roumanille depuis 1854 écrivent en langue d’oc, en l’occurrence en provençal. Au XXe siècle, le mouvement littéraire s’organise[1] et des auteurs célèbres ou moins, usent de la langue méridionale pour exprimer leurs talents, leurs espoirs et leurs espérances culturelles et sociales. C’est le cas de Marceau Jouve originaire de Rognac (13). D’abord brillant militaire, décoré de la Légion d’honneur il s’installe après la Grande guerre au Mas de Bonhomme à Saint-Martin-de-Crau (13). Sa vie entière, ce notable al se consacre à la défense du monde agricole et à l’amélioration de la condition paysanne en particulier de ses membres les plus précaires économiquement. En décembre 1947, dans son poème Frejoulino (Froidure), il écrit: «.. Je pense aux pauvres gueux  qui n’ont pas de maison, qui gisent en des lieux ouverts aux quatre vents, et s’endorment gelés, sans une couverture. Je me dis que la vie est dure au malheureux,- au paria qui fut vaincu par la nature.…» Le poème  Pou (Peur) évoque les peurs contemporaines: «L’homme dont l’atelier est en chômage ou qui du labeur du demain n’a plus l’assurance, triste à son logis, est mécontent quand il le quitte, Mon homme , pourquoi cette peur? J’ai peur de l’esclavage.»

Les organisations agricoles (Syndicat de défense des foins de Crau, Fédération départementale des associations agricoles des Bouches-du-Rhône qu’il fonde et dirige) l’occupent grandement; en 1949, il devient président de la Chambre d’Agriculture du département et en 1950, auditeur des comptes à la Caisse d’épargne départementale. Fixé à Cannes en 1940, il rejoint en 1943 Plan-de-Cuques (13).

Animateur du journal de la Fédération: Les Bouches-du-Rhône agricoles, il y publie des poèmes et contes en provençal. Il collabore également au Méridional dans la chronique aixoise sus la rubrique A touto zuerto (A toute allure) et fonde à Plan-de-Cuques l’école félibréenne Lou Grihet (Le grillon). 

Pour rendre hommage à ce dirigeant, «fidèle à sa langue, comme il avait été fidèle à sa terre», la Fédération rassemble en 1955 en version bilingue un recueil de ses poèmes et de ses contes titré modestement Parpallo d’Agasso (Détails) avec des bois gravés de Louis Jou, peintre, graveur et typographe (1881 – 1968), installé aux Baux.

Dans un style élégiaque et avec des images qui allient réalités contemporaine d’une Provence en mutation économique et sociale et nostalgie du temps passé de sa jeunesse dans une Provence rhodanienne «éternelle», avec jovialité et truculence, il décrit dans ce conte humoristique «Une belle couvée» –digne des histoires normandes du siècle antérieur, sous la plume d’un Guy de Maupassant- une scène de naïveté -vraie ou feinte- de certains paysans en précarité mais peu enclins au travail…

Olivier Vernier


[1] Voir la somme de René Jouveau, Histoire du félibrige, Nîmes, Bene, 1970-1987, 514 +401 p. ; Philippe Martel, « Félibres et félibrige : 1876-1947, radioscopie d’une organisation », Cahiers de recherches  Université de Paris VIII-Vincennes, série 6, n° 1,  1984, 54 p.

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