La protection de l’enfance à Marseille à la fin du XIXe siècle : médaille de La Société protectrice de l’enfance

A la fin du XVIIe siècle est fondée à Paris La Société de charité maternelle placée sous la protection de la reine Marie-Antoinette et animée par des aristocrates pour venir en aide aux nourrissons et enfants en bas âge, pour éviter les abandons d’enfants, notamment dans les tours, dispositif architectural pour déposer un enfant à l’abri d‘une porte d’un établissement  laïc ou religieux. 

Au XIXe siècle la Société sera, jusque sous le président Mac Mahon, sous la protection de l’épouse du chef de l’Etat, mais les besoins se font de plus en plus pressants alors qu’une législation protectrice n’est pas encore adoptée; aussi en province des sociétés de protection de l’enfance sont fondées. C’est le cas à Marseille avec La Société protectrice de l’enfance[1] une oeuvre charitable fondée par des notables en 1873 et reconnue d’utilité publique par décret en mai 1875. Elle se donne pour mission «de diminuer la mortalité des enfants et d’améliorer leurs conditions d’existence par tous les moyens en son pouvoir, grâce aux cotisations, aux profits des événements organisés par elle, des subventions publiques, des dons et legs.»

Pour remercier les administrateurs, souvent bienfaiteurs mais aussi les authentifier lors des quêtes sur la voie publique, une médaille portable pouvait leur être décernée avec à l’avers les armoiries de la ville et au revers la qualité de la personne, le ruban évoquant les couleurs de la cité phocéenne. C’est au profit notamment de l’importante colonie italienne[2] que s’exerce cette philanthropie –alors que par ailleurs la xénophobie s’empare de la région-, ainsi, avec cette «Petite italienne», bien mise, mais au regard intimidé, qui par temps de neige, le brasero à la main, va depuis son quartier populaire du Panier, peut-être solliciter les aides alimentaires et pécuniaires dans les riches quartiers du centre et les ramener à sa famille. 

Olivier Vernier


[1] Archives municipales de Marseille.

[2] Voir : Marseille l’Italienne », sous la direction de Jean Boutier et Stéphane Mourlane, Arnaud Bizalion Editions, 2021.

Anthony Régnier (1835-1909), Petite italienne au quartier du Panier, 1885, huile sur toile, Marseille, Musée d’Histoire, fonds du Vieux-Marseille, n° inv. SN-MVM-30 V.
Médaille de La Société protectrice de l’enfance, Marseille, 1873, métal argenté, collection privée

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