Quand la charité privée en faveur des anciens pallie les limites de l’action sociale publique

Devant la misère matérielle et morale dans laquelle encore vivent bon nombre de « vieux » après la Guerre, le ministère de la Santé et de la Population crée la « Journée nationale des vieillards » en 1951. Les pensions de retraite étaient alors en général d’une grande faiblesse ou inexistantes en raison de carrières « hachées »[1]. Le produit de la collecte était donc consacré   aux besoins primaires » de ces « économiquement faibles » selon l’expression euphémique de l’époque. Son objectif : « collecter de l’argent pour secourir les vieillards nécessiteux ». 

A l’origine, l’aide matérielle est versée sous forme de bons d’alimentation, de charbon, d’électricité. Par la suite, elle servira à financer certaines activités de service : création des premiers services d’aide ménagère. La reconnaissance publique des « anciens » figure dans la slogan de 1961.

L’organisation de cette journée est alors confiée à « un Comité National d’Entente » composé des grandes associations caritatives laïques comme confessionnelles et de bienfaisance ainsi que de groupements représentant les intérêts de cette catégorie de la population. L’UNIOPSS (Union Nationale Inter fédérale des Oeuvres et Organismes privés Sanitaires et Sociaux) association loi 1901 reconnue d’utilité publique depuis 1947 était chargée d’en assurer la coordination et assure le secrétariat général de ces journées.

            ublics, les écoles, insistant sur la misère des aînés. La quête sur la voie publique est assurée par des associations ou institutions locales agréées (Société de Saint Vincent de Paul, Dames de charité, Secours catholique, Secours populaire, Union des vieux de France., bureaux de bienfaisance..). Les donateurs contre leur contribution reçoivent comme en 1955, un insigne cartonné ou comme en 1961 une vignette gommée à coller sur des documents ou des envois. Si le graphisme de l’œuvre anonyme de 1955 témoigne des difficultés économiques de l’époque : couple intemporel sur fond de colombes, il fait appel au symbole du cœur et des fleurs . Avec le second, le talent du grand affichiste au parcours engagé Bernard Villemot, (1911-1989) un des derniers maîtres « à ne pas céder au marketing », se met au service de cette belle entraide tricolore avec un couple lui ancré dans l’histoire (les Francs ? le Moyen Âge ?).

Olivier Vernier


[1] Voir Christophe Capuano, Que faire de nos vieux ?: une histoire de la protection sociale de 1880 à nos jours, Paris, Sciences Po, Les Presses, 2018, 345 p.

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