Récompenser les médecins des campagnes

Pour éradiquer les propagations épidémiques qui déciment les populations mais aussi, les cheptels, la Troisième République se lance à compter des années 1880, dans de difficiles campagnes de vaccination des populations rurales précaires et également du bétail indispensables à l’économie rurale[1]. Aussi, faut-il récompenser les médecins qui dans les campagnes, en particulier celles « en marge » du progrès, et difficiles d’accès comme les Basses-Alpes, un des départements les plus pauvres du pays, se dévouent pour ces opérations difficilement souvent acceptées par les populations de la Haute-Provence.

Aussi le gouvernement par l’intermédiaire du ministre du Commerce instaure–t-il une distinction officielle. Hubert Ponscarmes (1827-1903), médailleur de la Monnaie de Paris depuis le Second Empire grave cette sobre médaille: à l’avers, l’effigie classique de la République française ailée symbole du Commerce et au revers, les symboles de l’économie et un cartouche au milieu précisant le nom du récipiendaire ici installé sur les communes de Mézel et d’Estoublon dans le canton de Riez et l’arrondissement de Digne.

 Les médailles font l’objet de propositions par l’Académie de médecine, et les nominations sont publiées dans le Journal Officiel de la République Française par le ministère compétent. Il existe alors 4 classes de récompense : la mention honorable, la médaille de bronze, la médaille d’argent, et la médaille de vermeil. Il faut signaler qu’à l’origine la médaille de 51 mm de diamètre ici en argent, était dite « de table » c’est-à-dire non portable et que dans ce cas précis, elle a du être transformée par le récipiendaire pour être accrochée peut –être- à la boutonnière mais plus vraisemblablement suspendue à un cadre sur son bureau où il recevait ses patients surtout s’il était « médecin des pauvres » du canton.

A la suite de l’épidémie cholérique de 1884, par décret du 31 mars 1885, sera instituée la médaille d‘honneur des épidémies et de nombreux praticiens de notre région en seront décorés.

Olivier Vernier


[1] Voir Jean-Noël Biraben, « La diffusion de la vaccination en France au XIXe siècle », Annales de la Bretagne et des pays de l’Ouest, 1979, pp. 265-276.

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