Marseille en temps de peste

À l’occasion du Tricentenaire de l’épidémie, le Musée des Beaux-Arts présente une dizaine d’œuvres majeures issues de sa collection. Dès la fin de la tragédie, les artistes élaborent les images qui serviront à la représenter. Ils fixent pour la suite l’image des grandes figures dont le courage a sauvé la ville de l’anéantissement. Pendant deux siècles, les institutions marseillaises vont commander à de grands artistes contemporains (David, Gérard, Guérin) des œuvres pour commémorer l’un des épisodes les plus dramatiques de l’histoire de Marseille.

Olivier Vernier

Baron François GERARD (1770-1837), Monseigneur de Belsunce pendant la peste de Marseille, c. 1825, Musée des Beaux-Arts de Marseille.

Quand les réformes de la protection sociale au XXe siècle sont symbolisées par le dessin et la caricature

La réforme française des Assurances sociales -sur le modèle bismarckien- fut longue et complexe[1] en raison des intérêts contradictoires entre assurés, employeurs et corps médical. La loi adoptée en 1930 grâce notamment au ministre niçois le Dr. Édouard Grinda  (1866-1959) et les textes ultérieurs  permirent la création de caisses  départementales officielles (à défaut de choix d’autres par les intéressés) et de caisses libres professionnelles, locales ou comme ici confessionnelles dans le département catholique des Basses-Alpes. Les risques sociaux majeurs vieillesse et invalidité sont pris en charge et la « pédagogie » (voir la publicité) prévalent et des affiches sont placardées dans des paroisses et mouvements catholiques, des officines pharmaceutiques et des cabinets de médecine libérale pour inciter à y adhérer.

Abordée d’abord par « le plan Juppé », présenté à l’Assemblée nationale le 15 novembre 1995,  la réforme de la Sécurité sociale sera incessante et remise en chantier, telle en témoigne cette caricature due au crayon implacable et talentueux de Cabu (1938-2015) et publiée dans la presse quotidienne régionale sur la réforme du Président Sarkozy et de la ministre de la Santé Rosine Bachelot,  initiant en 2010 la création d‘une cinquième branche de Sécurité sociale « Dépendance » qui ne verra le jour que bien plus tard…

Olivier Vernier

Jos. Girard, Affiche de la Fédération nationale catholique des Assurances sociales, mars 1929, collection privée
Cabu, dessin de presse : « Réforme de la santé », novembre 2010

[1] Voir Michel Dreyfus (dir.), Se protéger et être protégé : une histoire des assurances sociales en France, Rennes, presses universitaires de Rennes, 2006, 347 p.

2022!

La Président et tout le Comité d’Histoire de la Sécurité Sociale PACA vous souhaitent une bonne année 2022 et vous présentent tous leurs vœux de bonheur, de réussite et de santé !

Fac-similé de carte Vitale

 Lors de la création de la Sécurité social par les ordonnances de 1945, une carte cartonnée est délivré aux ayants droit pour la présenter aux consultations médicales et aux délivrances de médicaments, elle sera par la suite mécanographiée. 

Depuis 1996, pour des raisons de sécurité, les caisses départementales d’assurance-maladie ont obligation de délivrer à tout bénéficiaire de l’assurance-maladie une «carte électronique individuelle inter-régimes», la carte Vitale. Conçue par le groupement d’intérêt économique SESAM-Vitale et son équipe de télétransmission/dématérialisation, c’est une carte à puce au format carte de crédit (plus précisément au format ID1) permettant de justifier les droits du titulaire de la carte (ou de ses ayants droit, mineurs ou conjoint) à la couverture par un organisme de sécurité sociale des dépenses de santé en France. 

Cette carte, identique pour tous les régimes obligatoires d’assurance maladie, est utilisable seulement en France métropolitaine et dans les départements d’outre-mer. Elle est complémentaire de la carte européenne d’assurance maladie qui ne peut pas servir sur le territoire national.

Olivier Vernier


Médaille du Centre National de Prévention et de Protection

            Devant les dangers professionnels (sécurité incendie au travail et explosions) dûs à de nombreux sinistres (feux, stockages de produits inflammables ou toxiques) qui atteignent, souvent mortellement les hommes et les activités, dans les entreprises à l’époque de la reconstruction du pays est créée en 1956, sous forme d’association loi 1901, le Centre National de Prévention et de protection (CNPP Association) en association avec le département formation, le laboratoire du feu et le département information à Champs sur Marne (77). Il regroupe les activités d’intérêt général ainsi que les fonctions supports de CNPP Groupe. La majorité des membres de l’association sont dès l’origine, des entreprises d’assurances, adhérentes de la Fédération Française de l’Assurance (FFA). Le CNPP Entreprise est fondée en 1988 et le CNPP Cert. est créé en 2013.

            D’autres risques professionnels pour le personnel et l’environnement (risques chimiques) sont alors abordés et prévenus: en 1977, la laboratoire malveillance; en 1986, le laboratoire incendie est accrédité: en 1987: le laboratoire électronique de sécurité. L’Institut de gestions des risques est fondé en 1992. En 1999, les délégations régionales se développent. 

            Des compétitions entre les membres des équipes de sécurité incendie sont organisées dans toute la France comme à Marseille en 1979 et les participants reçoivent cette médaille commémorative à la facture stylisée, «Opérations points rouges» afin  « de faire comprendre, par l’exemple, l’importance de la sécurité incendie dans tous les milieux de travail; de susciter et renforcer l’esprit de prévention dans les entreprises; de promouvoir les moyens de défense contre l’incendie et surtout la formation indispensable de ceux qui, dans le cadre de leur activité journalière, auront à lutter contre ce fléau.»

Olivier Vernier


Médaille du Centre National de Prévention et de Protection, bronze, Marseille, 1979, collection privée

“Marseille en temps de peste, 1720-1722” au Musée d’Histoire de Marseille

Du 08 octobre 2021 au 30 janvier 2022

Cette exposition porte sur la vie quotidienne, les interventions des pouvoirs publics, du pouvoir religieux et du monde médical, en prenant appui sur les travaux connus et d’autres plus inédits comme la thèse de Fleur Beauvieux “Expériences ordinaires de la peste. La société marseillaise en temps d’épidémie (1720-1724) ».

Elle présente une centaine d’objets : œuvres d’art (peintures, sculptures, arts graphiques…), affiches, maquette, cartes, documents d’archives, manuscrits, vidéos, ressources sonores et diffusion de films.
Sont notamment réunis 5 récits de peste, précieux car rédigés par des témoins directs des événements.

https://musees.marseille.fr/marseille-en-temps-de-peste-1720-1722-au-musee-dhistoire-de-marseille

Un conflit aux conséquences sociales méconnues:
la guerre de 1870, Marseille, monument aux mobiles de 1870

            La triste période de pandémie que nous venons  toutes et tous de subir a occulté la célébration du cent cinquantième anniversaire de la guerre franco-prussienne de 1870. Mais militairement la France n’est pas prête, n’alignant que 250 000 hommes face aux 800 000 de l’alliance germano-prussienne. Certes les sanglants champs de bataille (pensons au poème Le Dormeur du Val d’Arthur Rimbaud: «il a deux trous rouges au côté droit»…) ont été bien loin de nos côtes et de nos montagnes mais on en trouve ici des traces mémorielles.

            En haut de La Canebière, le monument aux mobiles de 1870 est un des rares de notre région (avec, par exemple, une plaque dans la cour d’honneur de la mairie de Nice ou des monuments dans les cimetières élevés par le Souvenir Français) à célébrer les victimes de ces batailles qui se soldent par la défaite de Napoléon III à Sedan et la proclamation à Paris de la Troisième République bientôt présidée par un Marseillais, le «singulier M. Thiers»…. Ces mobiles étaient des réservistes départementaux (des soldats ayant déjà effectué leurs temps sous les drapeaux), c’est pour cela que le monument marseillais réunit les blasons des principales communes bas-rhodaniennes qui envoyèrent des effectifs pour résister à l’invasion du territoire. La France armée couronne le monument, elle porte un bonnet phrygien, un drapeau et une épée. Des allégories secondaires représentent Marseille, Aix, Arles et Tarascon et de nombreux autres personnages rappellent la guerre de 1870. Sur les faces latérales, figure la liste des batailles livrées. Après un concours en 1892,  le monument est dessiné par Gaudensi Allar et sculpté par Turcan et Roux. Il est inauguré  le 25 mars 1894.

            La défaite amènera le 4 septembre la proclamation de la République. Ces événements se poursuivront dans le «rêve» de la Commune de Paris (mais n’oublions pas celui de la Commune de Marseille animée par Gaston Crémieux[1]) et leur programme social interrompu dans le sang, anticipateur pourtant des réformes du XXe siècle : de la séparation des Églises et de l’Etat, de l’égalité entre les hommes et les femmes, de la laïcisation de l’école ou de l’assistance médicale gratuite et de l’aide sociale…     

Olivier Vernier


[1] Analysé dès 1946 par Antoine Olivesi (1924-2009), La commune de 1871 à Marseille et ses origines, Marseille, rep. ,Lafitte, 2001, 168 p. et Roger Vignaud, Gaston Crémieux : la Commune de Marseille , un rêve inachevé, Aix, Edisud, 2003, 286 p.

Diplôme du Comité départemental des œuvres de Guerre

            On connaît bien la « ferveur patriotique » pendant la Grande guerre qui s’empara pendant quatre années de l’ensemble du pays, avec de nombreuses Journées patriotiques en faveur des soldats au front, des blessés de guerre, des prisonniers internés outre Rhin, des populations civiles éprouvées, des réfugiés étrangers (belges, luxembourgeois..) et des populations déplacées. Les pouvoirs publics et les associations patriotiques (Le Secours nationalLe Souvenir français..) et les mouvements caritatifs organisent des quêtes sur la voie publique, avec ventes d’insignes en carton voir métalliques, pour orner les boutonnières (du bleuet au coq gaulois, de l’Alsacienne à la Croix de Lorraine)[1], il n’en est pas de même lors de la « drôle de guerre » en 1939-1940.

            Pour éviter tout risque de malversations, des instructions du ministre de l‘Intérieur Albert Sarraut le 4 mai 1932 précisent les cadres d’action dans l’entre deux-guerres des sollicitations à la générosité publique[2]. Des instructions et des documents utiles pour renseigner les organisateurs des journées sont établis en 1938. Ainsi dans l’ensemble des villes de notre région des journées nationales de la Croix-Rouge pour les nombreuses détresses mais aussi, en faveur des artistes et de leurs familles (les chômeurs intellectuels) sont organisées (Journée des artistes (1933) ; Le Noël des enfants des chômeurs (1934-1935) ; la « préservation » (à la fois matérielle et morale) des jeunes filles est promue par Les Amies du Foyer, pour la protection de la jeune fille (1934-1935, 1939), par l‘Oeuvre des gares et ports à Marseille, Nice ou Toulon 1933 ; La Journée de la Vieillesse (1937) sollicite les Vauclusiens, les Hauts-Alpins ou les Bas-Alpins. On sait que Marseille est « la plus grande ville corse » en raison de l’émigration insulaire, aussi La Maison corse de Marseille initie une journée en faveur des victimes de la tourmente qui a ravagé une partie de l’île (1934). Même si les populations espagnoles et des enfants réfugiés en France sont moins nombreuses sous nos cieux que dans le Sud-Ouest, l’Union des jeunes filles de France organisent des actions publiques d’entraide (1937-1938). 

            Plus rares donc qu’en 1914-1918, des ventes d’insignes patriotiques et des quêtes sont, dans l’éventualité des combats proches, organisées par la troisième République « finissante », par le préfet Paul Bouët (1878-1970) pendant l’été 1939 ; des diplômes (promouvant l’union franco-britannique) sont remis aux quêteurs, ainsi ce jeune élève du lycée de Marseille « qui a fait preuve de dévouement patriotique en recueillant des fonds destinés aux Œuvres de Guerre du Département des Bouches-du-Rhône ». L’implacable régime de Vichy saura instrumenter au travers du Secours National la solidarité nationale[3]

Olivier Vernier


[1] Voir Michel Bonneau, Les Vignettes patriotiques françaises, Ablon, L’Arc en ciel, 1983, 250 f.

[2] Archives départementales des Bouches du Rhône, 4 M 597.

[3] Jean-Pierre Le Crom, Au secours, Maréchal ! L’instrumentalisation de l’humanitaire, 1940-1944, Paris, PUF, 2013, 343 p.


Diplôme du Comité départemental des œuvres de Guerre, Mouillot, Marseille, 1939 Collection privée

Quand la terre tremblait en Provence : Monument commémoratif aux victimes du tremblement de terre de 1909 à Lambesc (13)

Au centre du cimetière de Lambesc à 25kms d’Aix s’élève une colonne qui rappelle le séisme du 11 juin 1909 où la terre trembla en Provence, le plus fort séisme du XXe siècle[1] ressenti dans toute la Basse-Provence avec 6,2° sur l’échelle de Richter. L’épicentre en fut: Lambesc, Saint-Cannat. Cinq villages sont  détruits, plusieurs fortement endommagés (Venelles, Rognes, Lambesc, Pélissanne, Saint-Cannat, Salon, Vernègues)… A Lambesc, on compte 14 morts, 12 blessés graves. Cinquante constructions sont détruites et 600 endommagées. 1500 constructions sont déclarées à démolir ou nécessitant des travaux très importants. Pour les Bouches-du-Rhône, on déplore  en tout 46 morts, et 250 blessés. Les solidarités locale, départementale et régionale se manifestent alors. Des souscriptions en faveur des victimes et de leurs familles sont lancées dans tout l’espace méridional. Une convention entre le Crédit foncier et l’Etat fut signée pour apporter des aides à la reconstruction.

Olivier Vernier

Monument commémoratif aux victimes du tremblement de terre de 1909 à Lambesc (13) Photo Olivier Vernier

[1] Voir Estelle Bonet-Vidal, Séismes en Provence : du tremblement de terre de Lambesc de 1909 à la Provence sismique d’aujourd’hui, Sophia Antipolis, Campaniles, 2009, 95 p.